Voici un petit extrait de ma note publiée sur la Tribune Ludique à propos du livre des règles Legions Imperialis :
http://tribuneludique.canalblog.com/2024/03/legions-imperialis-premieres-impressions-sur-le-livre-des-regles-3.htmlAvant toute chose on rappellera que ce qui suit n'est que mon avis et qu'il n'engage que moi. Je suis pour l'échange et pour le débat tant qu'il est respectueux, tout le reste sera modéré à la hache.
LE LORELe livre se décompose en trois grandes parties, la première d'entre elles étant consacrée à l'Hérésie d'Horus.
Cela reste assez succinct avec juste ce qu'il faut savoir pour réussir à situer la guerre civile dans l'histoire de l'Humanité et une petite timeline retraçant les événements les plus marquants (d'Isstvan III au Siège de Terra en passant par Calth ou encore Beta Garmon).
C'est léger mais cela donne déjà quelques pistes pour s'organiser des batailles historiques. Une carte de la Galaxie aide également à se projeter dans le conflit.
Comme l'a montré la parution du premier supplément, The Great Slaughter, on ira bien plus dans le détail de chacun de ces événements. Bien entendu je vous prépare également mes premières impressions sur ce supplément.
A noter quand même que, plus loin dans le bouquin, on nous détaillera aussi la façon dont se compose une armée Astartes ou de la Solar Auxilia pendant cette période. C'est toujours bon à prendre !
Pas énormément de contenu donc dans cette partie mais on appréciera la clarté de la timeline qui permet vraiment de bien placer les événements chronologiquement. C'est simple mais efficace.
LES RÈGLESVoilà le plat de résistance du livre, c'est ici que l'on va savoir ce qu'a dans le ventre cette v5 d'Epic.
Rappelons tout d'abord que le cœur du système est la suite directe de la version 2 d'Epic, le désormais légendaire Space Marine / Titan Legions (SM/TL) des années 80/90. Légendaire car ce fut la version de l'age d'or d'Epic qui était alors l'équivalent des core games de l'éditeur tels que Warhammer 40k et Warhammer Fantasy Battle.
La règle s'appuie sur un système d'ordres cachés à affecter aux différents détachements de son armée et leur permettant ensuite d'agir dans les différentes phases d'action : mouvement, tir appuyé, corps à corps et tir en avance. Il est bien entendu clair que le choix des ordres est absolument essentiel : le tir appuyé permettra d'ouvrir le feu très tôt dans le tour mais il empêchera le détachement de se déplacer alors qu'une charge permettra de doubler son mouvement pour entrer au contact avec l'ennemi mais sans pouvoir tirer, etc.
Si le cœur du système de SM/TL est très simple, sa complexité et sa richesse viennent en fait de la multiplication des règles spéciales propres à chaque type d'unité. On se souviendra avec nostalgie des règles plus ou moins loufoques des Orks dont la description pouvait prendre une pleine page pour une seule petite unité sans grande importance.
Les versions qui suivront SM/TL, Epic 40k (v3) puis Epic Armageddon (v4) feront table rase de toutes ces règles pour partir vers des systèmes beaucoup plus abstraits et, à mes yeux, plus élégants. On y perdra cependant un peu de folie.
Pour un petit rappel de l'histoire d'Epic, je vous renvoie au dossier écrit à plusieurs mains que vous pouvez télécharger
ici.
Legions Imperialis est donc la v5 du jeu mais il aurait pu en être la v3 puisqu'il est le successeur officiel direct de SM/TL. Notez que ce dernier a aussi eu un enfant "illégitime" (mais brillant) sous la forme de NetEpic, la règle entièrement soutenue par des fans et sans aucune intervention de l'éditeur.
Plusieurs décennies ont passé depuis la sortie de SM/TL et Legions Imperialis apporte bien sûr de nombreuses nouveautés et améliorations. Certaines de ces nouveautés sont plutôt évidentes à identifier comme l'ajout d'un nouvel ordre "Marche" permettant à un détachement de doubler son mouvement (voire de le tripler quand il est uniquement composé d'infanterie) ou encore le traitement des Structures (les bâtiments et autres fortifications) avec un système de garnison plutôt intelligent.
On notera également la suppression de la fameuse silhouette des Titans qui permettait de leur allouer les dégâts mais qui ralentissait sensiblement le jeu et provoquait parfois des situations un peu frustrantes (oh, finalement ton tir a raté car il a touché une arme déjà détruite). D'autres règles sont moins spectaculaires mais contribuent clairement à transformer le gameplay comme l'obligation de n'ouvrir le feu que sur une cible unique, la répartition globales des touches par le défenseur (ce qui permet non seulement d'accélérer les jets de dés mais ce qui modifie considérablement le gameplay et la façon dont on coordonne ses tirs contre une cible) ou encore la possibilité d'effectuer des contre-charges limitées ou de déclencher des tirs d'interception avec les ordres de Tir Appuyé et d'Avance, ainsi Legions Imperialis se veut bien souvent moins rigide que son illustre prédécesseur en offrant au joueur de multiples occasions de réagir aux actions de son adversaire. On notera également que les règles spéciales, autrefois disséminées à travers les listes d'armées, sont désormais regroupées en traits d'arme et en règles spéciales génériques.
Il est intéressant de voir que de nombreuses améliorations viennent de différents autres systèmes de jeu : on sent par exemple la patte de NetEpic dans la notion de Classe d'unité évitant qu'une simple escouade de troufions puisse bloquer au corps à corps un gigantesque Titan ou encore celle d'Epic Armageddon avec l'ordre de Marche ou l'obligation de choisir une cible unique à ses tirs mais aussi de jeux plus éloignés d'Epic comme la gestion des Structures qui ressemble à s'y méprendre aux règles des décors de feu la Guerre de l'Anneau.
Le système accentue également encore un peu plus le système de Points de Victoire issu de SM/TL. On abandonne le placement libre des pions d'objectif au bénéfice de nombreuses missions génériques qui offrent des challenges très différents aussi bien au niveau du déploiement des objectifs que des gains en Points de Victoire qui leur sont associés (en général plus un objectif est loin, plus il rapporte des points). La capture des objectifs a été entièrement revue avec l'ajout de la notion de Force Tactique d'une unité qui donne un rôle majeur à l'infanterie au détriment des titans. Ces derniers sont là pour semer la destruction sur le champ de bataille, pas pour occuper le terrain.
La carte du champ de bataille de la mission Dévastation Il y a donc beaucoup de choses positives dans cette v5 mais elle est loin d'être parfaite. On déplorera essentiellement une certaine lourdeur dans la façon de présenter les règles avec de nombreuses répétitions et tournure de phrases alambiquées qui rendent la lecture parfois pénible. Parmi les très nombreuses règles spéciales, on a aura aussi vite repéré un certain nombre d'entre elles inutilement contraintes au point de les rendre applicables que dans des situations très particulières (telle sauvegarde n'est jouable que lorsqu'une unité est la cible d'une arme possédant tel trait), tout à fait le genre de règle qu'on oubliera une fois sur deux.
Legions Imperialis traîne également quelques mécaniques qui datent un peu. Les vétérans d'Epic Armageddon regretteront par exemple l'élégance de la gestion des Assauts et des Pions d'Impact car SM/TL et donc Legions Imperialis privilégient clairement les tirs. Ainsi la gestion des corps à corps fait elle office de parent pauvre avec des règles manquant un peu de saveur.
LES LISTES D’ARMÉEImpossible de faire le tour des règles de Legions Imperialis sans parler de la troisième grande partie du livre, les listes d'armée des Légions Astartes (chaque Légion bénéficie d'une petite règle spéciale pour la personnaliser) et de la Solar Auxilia qui sont toutes les deux accompagnées de la liste des "atouts stratégiques", c'est à dire les alliés des Légions Titaniques et des Maisonnées de Chevaliers (ces dernières n'ont pour l'instant pas de liste d'armée autonome mais je ne doute pas un seul instant que cela viendra).
Le système de constitution des armées est à la fois plus complexe et plus flexible que celui de SM/TL. Legions Imperialis s'appuie encore une fois sur son ancêtre avec des Formations regroupant des Détachements, ces derniers étant la structure de base d'une armée. La complexité vient du fait que chaque Détachement peut faire l'objet d'une multitude de petites options rendant nécessaire l'utilisation des outils en ligne de construction d'armée pour ne pas devenir complètement fou (je vous conseille d'ailleurs l'excellent Legion Builder qui est très complet).
Les fiches d'unité de Legions Imperialis font un peu peur au premier regard car on y retrouve beaucoup de choses. C'est essentiellement parce qu'elle regroupe non seulement les stats de l'unité et de son armement mais également toutes les informations utiles pour en déployer un Détachement (coût, taille, options, etc.). On peut constater qu'il y a généralement beaucoup d'options d'arme, chaque socle d'infanterie ou chaque véhicule pouvant être upgradé ou équipé d'armes différentes pour l'adapter à un rôle précis. C'est touffu mais si l'on y regarde d'un peu plus près ce n'est pas beaucoup plus compliqué que dans les autres systèmes Epic où généralement on trouve un profil fixe pour chaque configuration de véhicule.
La fiche d'unité d'un Predator détaille toutes les configurations possibles à Legions Imperialis
La fiche regroupe également toutes les informations nécessaires pour déployer un Détachement
A NetEpic ou Epic Armageddon comme ci-dessus, on trouve une fiche d'unité par configuration
Les coûts et la composition d'une formation sont disponibles dans une autre section A noter que le livre des règles ne détaille pas l'ensemble des unités qui seront à terme disponibles dans le jeu. Cela a fait (encore !) couler beaucoup d'encre mais on oublie que c'était déjà le cas à SM/TL et que seul Epic 40k a mis à disposition l'ensemble des listes d'armée de la gamme alors disponible (hors Squats qui avaient alors disparu). Mais même si la liste des unités est incomplète, ce qui est fourni permet de monter des armées très intéressantes et typées avec un choix d'unités terrestres et aériennes très varié (dont l'ensemble des Titans et Chevaliers de la gamme Adeptus Titanicus et des aéronefs de la gamme Aeronautica Imperialis).
C'est en lisant ces listes d'armée qu'on peut toucher du doigt à quel point le gameplay de Legions Imperialis s'éloigne non seulement de SM/TL mais également du reste des systèmes Epic. Ici l'infanterie, tellement importante pour contrôler les pions d'objectif, ne coûte rien du tout. On peut déployer des dizaines d'escouades pour quelques centaines points. De manière générale une armée Legions Imperialis est d'une taille collossale par rapport aux armées Epic Armageddon et dans une moindre mesure NetEpic. Ainsi une force de 1100 points d'Astartes (le format de 1100 points permet de déployer un Titan Warhound en allié - maxi 30% du budget de l'armée) est presqu'aussi grosse qu'une armée de Space Marines de 3000 points à Epic Armageddon ! Et heureusement qu'il y a du monde ! Car on s'aperçoit rapidement qu'on ne fait pas de vieux os à Legions Imperialis. Le jeu est particulièrement létale et les pertes s'acumulent vite. Les Titans ne sont pas épargnés et peuvent parfois disparaître en un seul tour s'ils ne sont pas prudents.
Une armée de 1000 points de la Death Guard (le format standard est annoncé à 3000 points) QUELLE DIFFERENCE AVEC EPIC ARMAGEDDON ?Je me permets ici un petit comparatif de Legions Imperialis et d'Epic Armageddon. Je mets volontairement NetEpic de côté car même si j'ai recommencé à y jouer récemment, je ne me sens pas assez expérimenté pour en parler correctement.
Outre la période jouée (l'Hérésie d'Horus pour Legions Imperialis et la période pré-Indomitus pour Epic Armageddon), les deux jeux n'ont strictement rien à voir. Epic Armageddon bénéficie de règles plutôt abstraites mais très élégantes où les manoeuvres et les assauts sont rois. On prépare avec minutie ses attaques en harcelant l'ennemi avant de lancer un assaut précis pour le mettre en déroute. Legions Imperialis s'appuie quant à lui essentiellement sur les tirs et la gestion de ses points de victoire. On fait s'abattre une pluie de feu sur l'ennemi tout en s'assurant le contrôle des pions d'objectif, la situation pouvant complètement se retourner lorsqu'un camp ou l'autre réussit un coup d'éclat en s'emparant d'un objectif vital.
J'aime bien voir en Legions Imperialis l'incarnation des combats que l'on nous décrit dans les romans de l'Hérésie d'Horus avec des armées déployant des centaines de Space Marines qui sont broyés sous les tirs et sous les pas des Titans. En comparaison Epic Armageddon permet de jouer des batailles bien plus modernes et moins brutales que ceux de l'Hérésie d'Horus, les effectifs sont moindres et obligent les généraux à plus de subtilité pour atteindre leurs objectifs.
CONCLUSIONVous l'aurez compris à la lecture de ces premières impressions, je ne considère pas qu'avec Legions Imperialis nous sommes en présence de la meilleure version du système Epic. Pour moi la première place reste la propriété d'Epic Armageddon dont l'abstraction et l'élégance sont clairement un cran au-dessus. Mais, malgré ses quelques faiblesses, Legions Imperialis reste un jeu intéressant et surtout super amusant. Il nous plonge complètement dans l'ambiance de l'Hérésie d'Horus, une époque de légende et de brutalité.